DB HENRI III. [i584]                        -»85
Le dernier jour de novembre, le Roy prenant plai­sir à faire voltiger et sauter un beau cheval sur lequel il étoit monté, et ayant avisé un gentilhomme qui étoit au duc de Guise, lui dit : a Mon cousin de Guise a-« t-il vû en Champagne des moines comme moy, qui « fissent ainsi bondir leurs chevaux ? » Cela disoit le Roy, parce qu'il lui avoit été rapporté que M. de Guise avoit dit étant en Champagne : « Le Roy fait la « vie d'un moine (0, ct non pas d'un roy. » Comme à la vérité ce bon prince eût mieux fait par avanturc de monter plus souvent à cheval, et de dire moins ses heures.
Le 5 décembre, par la plus grande part du royaume, nommement ès environs de la Loire, s'élevèrent des vents si violens, que furent renversés clochers, che­minées et maisons, et furent arrachés aux forêts des chênes de deux cents ans, et même emportés. On les a appellés du depuis les soufflets de la Ligue.
En ce temps, le duc de Guise fut voir messieurs de la Sorbonne, et leur demanda s'ils étoient assés forts avec la plume; sinon qu'il le falloit être avec l'épée.
[i585] Au commencement de cet an, le Roy fit un nouveau réglement en sa maison, même pour ceux qui journellement étoient près de sa personne pour le ser­vice ordinaire; lesquels il vêtit de velours noir, leur fit ôter les chapeaux qu'ils souloient porter, et les as­treignit à porter barrettes ou bonnets de velours noir, et une chaîne d'or au col, pendant qu'ils sont en quar­tier; et à ceux du conseil d'Etat et privé, entrons au
(i) La vie d'un moine : Sixte v disoit en parlant de Henri : « Il n'y « a rien que ce prince ne fasse pour étre moine ; et il n'y a rien que je « n'aie fait pour ne l'être pas. »
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